Ces multinationales pharmaceutiques font-elles marcher les états à la baguette ? Négociations secrètes sur les médicaments remboursables, mise en concurrence des régimes fiscaux, sociaux, budgets marketing colossaux… Les Big-Pharma ont-elles trop de pouvoir dans une économie mondialisée ?
Pour répondre à cette question, nous sommes notamment allés voir Jean Hermesse, ancien secrétaire général de la Mutualité Chrétienne qui commençait par donner quelques points de repère sur le secteur : « On sait qu’aujourd’hui, les Big-Pharma veulent croître à du 7 à 8% par an. On sait aussi que certaines firmes dégagent 25% de profits et qu’elles dépensent plus en marketing, qu’en recherche. Au niveau mondial, c’est 27% de dépense marketing, contre 17% en recherche » (NDLR, la balance est un peu moins déséquilibrée en Europe, mais le poste Marketing y est aussi plus élevé que les dépenses en R&D).
Pour Jean Hermesse, « on a donc affaire à un secteur qui cherche la profitabilité maximum, avec des dépenses marketing qui se reflètent dans les coûts des médicaments et qui donnent au secteur un pouvoir d’influence gigantesque« . Cette influence se matérialise en publicité, en campagnes de promotions qui influencent les patients/consommateurs mais aussi les prescripteurs « et donc, cette influence-là entraîne une consommation des médicaments qui va au-delà des besoins et qui grève les budgets des Etats en soins de santé ».
Pour lui, il y a donc lieu de repenser le modèle et d’imposer une transparence au secteur sur la formation des prix. « Aujourd’hui les prix ne reflètent pas du tout les coûts de recherches et de production, mais sont basés sur une étude stratégique visant à évaluer ce que le marché est prêt à payer pour tel ou tel traitement« . Et il conclut : « Il faut oser un grand débat public, en transparence, là-dessus« .
NOTE du comité de lecture du GRAS: A pointer comme illustrations emblématiques de cette brève : la récente décision du monopole Pfizer-Moderna d’augmenter les prix des vaccins ARNm ou la combine pour augmenter dramatiquement le prix de l’hydrocortisone au Royaume Uni.