Action n° 79 : POUR UN MEILLEUR CONTRÔLE DES NUTRIMENTS (11.2003)

Chondroprotecteurs, antioxydants, phyto-oestrogènes,… souvent présentés comme des traitements des maladies dégénératives (arthrose, DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge), ostéoporose ménopausique,…) sans les garanties d’un médicament (enregistrement, contrôle des prix et de la qualité, publicité encadrée).

En 2004, le GRAS avait écrit au Ministre de la Santé pour lui faire part de notre inquiétude quant à la nécessité d’un meilleur contrôle de la promotion des nutriments souvent présentés comme des médicaments dans le traitement des maladies dégénératives, sans les garanties de l’enregistrement (notice enregistrée, indications validées) qui protège le consommateur. De plus les nutriments, de par leur statut, échappent au contrôle des prix des médicaments et ne bénéficient pas du contrôle de qualité de l’APB (Association Pharmaceutique Belge). L’information les concernant n’est pas contrôlée puisqu’elle échappe aux règles de la publicité pour les médicaments. Les stratagèmes publicitaires pour les promotionner sans violer leur statut sont subtils mais efficaces : modifications des dosages par rapport à ceux des études thérapeutiques, pas d’indication spécifiée, promotion large dans des périodiques grand public,… Avec le vieillissement de la population, ces produits représentent un marché d’avenir fort lucratif et les consommateurs risquent d’être abusés par ces pratiques.

Une recherche effectuée par un de nos membres sur la promotion de nutriments dans la DMLA ( Dégénérescence rétinienne liée à l’âge) avait été publiée dans La Lettre du GRAS n°40 de décembre 2003. D’autres actions avaient déjà fait écho à cette problématique : N°59. MARGARINES AUX PHYTOSTEROLS : (6/2001) publicité médiatique pour un produit sujet à caution ; N° 11 : collyre OCUVIT ® (CYANAMID) (9/93) : complexe vitaminé promotionné dans la prévention de la cataracte et des troubles maculaires ; N° 14 : ZYMAFLUOR ® (ZYMA) (1/94) : prix multiplié par 4,5 à 7 lors d’un changement du statut du produit.

En date du 18.01.2006, le ministre de la Santé, Rudy DEMOTTE, a répondu à la lettre du GRAS. En voici quelques extraits significatifs : « Deux arrêtés royaux imposent aux sociétés commercialisant des compléments alimentaires de notifier aux autorités compétentes leurs produits préalablement à la mise dans le commerce. Cette notification se fait sous la forme d’un dossier technique. Suite à l’envoi de ce dossier, deux types de contrôle sont effectués par les autorités : 1°) Un contrôle à priori sur le dossier technique par des experts du Service Public Fédéral de la Santé Publique. Lors de ce premier contrôle, l’expert est amené à formuler des remarques sur le produit (composition, étiquetage, publicité). Dans certains cas, le produit peut se voir refuser le statut de complément alimentaire. Cette situation se présente dans près de 20% des cas traités. 2°) Un contrôle à posteriori est réalisé sur les produits commercialisés ; en effet l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire effectue une série de prélèvements et d’analyses sur le terrain et vérifie la conformité des produits par rapport à la législation et au dossier de notification envoyé. Les compléments alimentaires ne sont donc pas soumis au contrôle des prix, mais bénéficient des contrôles sanitaires liés à la fabrication et à la mise dans le commerce de denrées alimentaires… La problématique de la publicité faite autour des compléments alimentaires est prise en considération par mon administration qui a mis en place des réunions de concertation entre la Direction Générale Médicament et la Direction Générale Animaux, Végétaux et Alimentation. Ces réunions ont conduit à la rédaction et l’approbation d’une liste des allégations autorisées dans le secteur du complément alimentaire. De plus mes services participent activement aux réunions organisées par la Commission Européenne dans le cadre de la création d’un règlement relatif aux allégations de santé autorisées dans le secteur alimentaire. Mes services sont régulièrement amenés à proposer le retrait du statut de complément alimentaire pour des produits qui ne respecteraient pas les règles relatives à la publicité dans le secteur alimentaire. Suite au retrait du numéro de notification, d’autres mesures peuvent alors être prises telles que saisies et destruction des produits, poursuite devant les tribunaux, etc. »

Le GRAS a demandé au Ministre la liste de ces allégations autorisées pour la publicité dans le secteur du complément alimentaire.

Suites LLG n°51, septembre 2006.

Le CBIP a publié sur son site web (Informations récentes avril-mai 2006) une mise au point sur l’utilisation de la glucosamine :

« La glucosamine, qui n’était disponible en Belgique jusqu’à présent que comme supplément alimentaire, est maintenant commercialisée sous forme de sel d’hémisulfate sous le nom de spécialité Glucosamine Pharma Nord®, pour le traitement de la gonarthrose légère à modérée. A ce jour, l’effet de la glucosamine n’a pas été étudié chez des patients présentant d’autres lésions arthrosiques (colonne vertébrale, hanche, mains). Auparavant, plusieurs études et méta-analyses ont suggéré un effet favorable de la glucosamine sur la douleur et/ou sur la progression radiographique de l’arthrose, mais la plupart de ces études étaient réalisées à petite échelle et présentaient des problèmes méthodologiques [voir Folia d’ avril 2001 et Folia d’octobre 2001 ]. Les résultats de l’étude GAIT (Glucosamine/chondroitin Arthritis Intervention Trial) ont été publiés récemment dans le N Engl J Med [2006 ; 354 : 795-808 avec un éditorial 2006 ; 354 : 858-60 ]. Dans cette étude, la glucosamine n’a pas été plus efficace qu’un placebo sur la douleur articulaire. Les effets indésirables de la glucosamine consistent en des troubles gastro-intestinaux, des céphalées, de la fatigue et un risque, bien que faible, de réactions allergiques telles éruptions cutanées, angioedème, urticaire. Il est dès lors difficile de recommander la glucosamine dans le traitement de la gonarthrose. Il convient en outre de tenir compte de son coût : € 10,95 par mois à la posologie de 1,2 g par jour. [Voir « Bon à savoir » du 8/5/2006] »

Voir aussi la critique de l’étude GAIT parue dans La Lettre du GRAS n°50 en juin 2006.

En écho à l’ACTION n°79 évoquée ci-dessus et à l’ACTION n° 85 : PLANTES MEDICINALES : PAS SI BANALES (3.2005) : ballote (présente dans le Sédinal®) et Valériane (extrait sec) : risques décrits pour des produits souvent utilisés au long cours et parfois chez des enfants vu leur – fausse – réputation d’innocuité.

Avertissement du CBIP (www.cbip.be) à propos de l’hépatotoxicité de l’actée à grappes, une plante utilisée comme phytoestrogène dans les plaintes liées à la ménopause. L’article « Traitement des plaintes liées à la ménopause » paru dans les Folia de mars 2004 discute de la place limitée des phytoestrogènes. Nous y avions mentionné quelques plantes qui contiennent des phytoestrogènes. Parmi celles-ci figurent également l’actée à grappes ou cimicaire à grappes (Cimicifugae racemosae rhizoma ou black colosh root). En Belgique, certains compléments alimentaires contiennent cette plante. L’emploi de l’actée à grappes dans les plaintes liées à la ménopause est discuté dans le dernier numéro de Minerva [2006 ;5:99-101]. Nous référant à l’article de Minerva, nous signalons que les instances britanniques de la santé et l’Agence Européenne pour l’Evaluation des Médicaments ont émis récemment un avertissement quant à la possibilité d’une hépatotoxicité de l’actée à grappes, suite à la publication de plusieurs cas dans la littérature et à un certain nombre de notifications aux centres de pharmacovigilance de l’Union Européenne.

SUITES (LLG n°97, août 2017)

XK1 : En juin 2017, en pleine session d’examens et avant les festivals de l’été, une publicité radiophonique a été diffusée à répétition en Belgique francophone à des moments de grande écoute sur la RTBF (radio publique) pour un produit « merveilleux » susceptible de diminuer l’impression de fatigue et d’augmenter les performances intellectuelles et physiques…

« Laissez votre fatigue derrière vous. XK1 est une composition extrêmement dosée en différents produits stimulants. XK1 permet d’être en forme durant 8 heures après la prise malgré une situation de fatigue intense, ou durant une période d’activité personnelle importante. » Voici ce que mentionne le site http://www.xk1.be/

L’usage de ce complément alimentaire aux vitamines et minéraux (à base de Taurine, Kola, Garana) produit par la société DYNA+ n’est pas sans danger (risques de problèmes cardio-vasculaires chez certaines personnes, en combinaison avec l’alcool, mentionnés sur ce site…). Sans même évoquer la nocivité “idéologique” de ce message, promotionnant sans aucune réserve le recours à un produit “dopant” face à un symptôme méritant souvent mieux comme réponse…

SUITES : LLG n°99, octobre 2017

L’enregistrement des plantes médicinales en Belgique se révèle plus laxiste que la procédure concernant les médicaments (voir CBIP). Plusieurs accidents (plantes chinoises et insuffisance rénale p.ex.) sont survenus ces dernières années.

YMEA : pub TV belge en août 2017 : « Contre les bouffées de chaleur de la ménopause – Convient pour une utilisation prolongée  » – « sans hormones naturelles  » (voir le site web d’Omega Pharma). Message publicitaire fallacieux, Yméa contenant de l’actée à grappes dont l’hépatotoxicité a été rapportée plusieurs fois [1]. Sa racine contient des glucosides aux effets ( cliniques mais aussi secondaires) proches de ceux des œstrogènes : actéine, cimicifucoside, ainsi qu’une isoflavone, la formononétine (Wikipédia).
Rappelons que les phyto-oestrogènes (de soja souvent : Ménohop et co.) disponibles sous la forme de plantes présentent les mêmes effets secondaires que les oestrogènes de synthèse mais à un degré moindre.

Voir aussi :