McKESSON, médocs en stock. Résumé d’un article paru dans « MEDOR » (hiver 2020-2021), de Clément Boileau.

McKESSON est une multinationale comptant parmi les dix plus riches entreprises des USA. Elle est aussi numéro 2 du secteur de la distribution des médicaments en Belgique. Depuis 2010, elle s’est implantée dans différents pays européens à coups de fusions et d’acquisitions. Elle est un intermédiaire de poids entre les laboratoires, les pharmacies et les hôpitaux.

La maison mère américaine a dû payer plus de deux milliards de dollars ces vingt dernières années pour de multiples condamnations : prix abusifs, négligences, pratiques anticoncurrentielles, fraude, discrimination raciale, violation de code du travail, évasion fiscale, ristournes illégales…

L’autorité belge de la concurrence est inquiète et attentive du fait que ce marché des médicaments va vers un oligopole (deux énormes acteurs, Febelco et McKesson) et un risque d’augmentation des prix, de diminution de qualité de service, de majorations salariales au plus bas…loin d’être l’idéal. 

Le prix des médicaments étant plafonné en Belgique, les grossistes-répartiteurs étaient tentés de vendre plus cher…à l’étranger, créant des pénuries chez nous.

Alain Chassepierre, président de l’APB, estimait que les indisponibilités liées aux exportations représentaient 50% des problèmes.

Depuis lors, en mars 2019, une loi a été votée obligeant les grossistes-répartiteurs à donner la priorité aux patients belges, attaquée rapidement devant la cour constitutionnelle par l’Association nationale des grossistes-répartiteurs qui a obtenu gain de cause au motif que cette loi contrevenait aux traités européens autorisant la libre circulation des biens et des marchandises.

Les transactions financières entre les différentes entités de l’entreprise McKesson restent très opaques. McKesson compte une demi-douzaine de filiales actives au Luxembourg, fait transiter son argent par l’Irlande, pays réputé pour sa bienveillance fiscale à l’égard des multinationales et ouvrant les portes vers d’autres paradis fiscaux. 

Note de LLG: Les pénuries ne sont pas un problème propre à la Belgique et d’autres facteurs y contribuent: prix trop bas, compétition importante obligeant une production à flux tendu, marge bénéficiaire faible menant au retrait de producteurs…