Action N° 171 : TRAMADOL : attention à la dépendance (3/2019) : timidité de la pharmacovigilance belge- Sensibilisation des prescripteurs

Présent sous de multiples marques et associations, ce produit bénéficie d’un remboursement de l’INAMI contrairement au paracétamol-codéïne pourtant classé au palier 2 des antalgiques. De multiples alertes signalent un risque important de dépendance telles que l’émission Question à la Une du 11/12/2019 sur la dépendance aux antidouleurs type Tramadol et morphiniques, l’enquête du magazine MEDOR et de multiples articles scientifiques documentant ce risque de dépendance depuis la commercialisation de ce produit en 1997(cfr La Revue Prescrire p.ex.). Ces médicaments doivent être utilisés avec prudence en raison de la survenue d’effets indésirables communs aux opioïdes :
constipation, nausées, vomissements, somnolences et des confusions, surtout chez les personnes âgées. De plus, avec le tramadol s’ajoute un risque accru d’hypoglycémies, de céphalées, de sensations vertigineuses, de convulsions, d’atteintes hépatiques. Les raisons de l’usage chronique du Tramadol sont liées aux mécanismes moléculaires de son action à la fois opioïdes et monoaminergiques (1). Compte tenu de toutes ces données, l’antalgique de palier 2 de référence reste, pour Prescrire, la codéine. Par manque d’information et de prévention, ses consommateurs découvrent trop tard combien le Tramadol peut être addictif alors que son usage et sa prescription sont souvent banalisés…

Bienvenue dans la Belgique en souffrance :

Médor, coopérative de journalisme d’investigation, récolte les témoignages des patients traités par ces médicaments dans le cadre de douleur chronique. https://medor.coop/nos-series/la-douleur-des-belges/lopioide-du-peuple/ Medor enquête sur la consommation d’opioïdes des Belges (« La douleur des belges » : 3 épisodes sur « l’empire du mal »). Il dénonce la collusion de certains experts avec l’industrie pharmaceutique et le rôle de certaines associations de patients dans la promotion de ces antalgiques.

En Afrique de l’Ouest, cet opioïde « faible » fait des ravages et est de plus en plus utilisé comme médicament de la rue (cfr Togo : la folie du Tramadol | ARTE). L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a sorti récemment une étude sur le trafic de tramadol et d’autres opioïdes pharmaceutiques dans cette région
(1) Persistance de l’usage du tramadol après traitement de la douleur aiguë Professeur Anne Roussin –Toulouse BIP Occitanie 2019 ;26(4) : 79
(2) Tramadol : la « Crise des opioïdes » de l’Afrique Gaelle ElChaer (Etudiante Master 2) et Docteur Maryse Lapeyre -Mestre (CEIP-A) –Toulouse BIP Occitanie 2018 ; 25(2) : 39