Un vaccin covid-19 africain, malgré les freins des firmes
Revue Prescrire, 15 septembre 2022
https://www.prescrire.org/fr/3/31/64672/0/NewsDetails.aspx

Dans le cadre d’un programme de transfert de technologie de l’OMS, la compagnie sud-africaine Afrigen a réussi à produire en petite quantité une copie du vaccin covid-19 de la firme Moderna (élasoméran – Spikevax°). Elle cherche depuis à développer et produire à grande échelle des formulations moins chères et plus thermostables pour faciliter l’utilisation du vaccin en Afrique.

Mais sans les firmes…

Le vaccin mis au point par Afrigen utilise la séquence d’ARN messager publiée par l’Université Stanford et libre de droits (5). La compagnie sud-africaine espérait un accord avec la firme Moderna, qui a déclaré renoncer à ses droits de propriété industrielle le temps de la pandémie (4,5). Mais la firme Moderna a refusé d’aider Afrigen au plan technique, tout comme Pfizer-BioNTech, ce qui devrait faire passer le délai de mise au point d’une production de masse du vaccin de 1 à 3 ans (1).

Par ailleurs, la firme Moderna est poursuivie par deux compagnies canadiennes qui estiment que leurs brevets ont été enfreints dans la fabrication de son vaccin (6,7). Moderna a demandé en réponse aux autorités étatsuniennes de lui reconnaître le droit de ne pas respecter ces brevets, et donc de bénéficier d’une licence obligatoire, pourtant bête noire des firmes pharmaceutiques habituellement, quand les pays à bas revenus veulent les utiliser (6). Mi-2022, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est finalement arrivée à un accord a minima, facilitant un peu pour certains pays l’utilisation de licences obligatoires en matière de vaccin covid-19, mais cela ne changera rien pour le projet sud-africain (8).

Un enjeu considérable

La technologie des vaccins à ARN messager a montré son intérêt dans le covid-19 et pourrait avoir des retombées dans d’autres domaines médicaux. La bataille des droits de propriété industrielle sur cette technologie est vive et explique sans doute pourquoi certains acteurs économiques considèrent le modèle sud-africain comme un précédent dangereux pour leurs intérêts particuliers (1). Peu importe, pour ces acteurs, les importants retards de vaccination en Afrique que cela peut entraîner.

La Wallonie et Bxl vont-elles devoir encore jeter les vaccins contre le Covid? 

Le vaccin bivalent BA.4-5 est disponible dans les centres de vaccination depuis le 10/10 en Wallonie et depuis le 14/10 à Bruxelles alors qu’il reste pas mal de  doses du vaccin initial qui protège toujours contre les formes graves de Covid → on va devoir jeter beaucoup de doses Voir aussi les Folia de 11/2022: “On ne sait pas si ce nouveau vaccin adapté Omicron BA.4-5 apportera une meilleure protection clinique contre ces variants.” Le CDC recommande le vaccin bivalent en tant que booster ou chez les non vaccinés à risques, mais sans niveau de preuve probant.