PRIX DES MEDICAMENTS: Extraits de La Lettre du GRAS n° 126 (2/2023)

Acide bempédoïque: admission en Belgique à un remboursement conditionnel très généreux par l’INAMI pour un produit cher qui n’a pas encore démontré un effet bénéfique sur des critères d’évaluations forts (décès et événements cardiovasculaires) au 30.01.2023 : cfr FOLIA 21.12.2022 et 20.12.2021 {Les spécialités à base d’acide bempédoïque en monopréparation (Nilemdo®▼, chapitre 1.12.9) et en association avec l’ézétimibe (Nustendi®▼, chapitre 1.12.10) Coût: entre 245€ et 265€ pour 3 mois de traitement

Par ailleurs l’ézétimibe, en association avec une statine, a un effet limité sur la morbidité cardio-vasculaire chez certains patients à risques, mais pas d’effet avéré sur la mortalité cardio-vasculaire et totale [voir Folia de novembre 2015] et Répertoire Commenté des Médicaments (consulté en 1/2023)

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Ophtalmologie: une amende record pour Novartis et Roche annulée en appel en France

Les deux laboratoires avaient été sanctionnés en 2020 par l’Autorité française de la concurrence pour des « pratiques abusives » visant à préserver les ventes d’un médicament largement prescrit en ophtalmologie au détriment d’un autre, trente fois moins cher. Ce médicament, le Lucentis, développé par l’américain Genentech et commercialisé hors des Etats-Unis par Novartis, est utilisé pour traiter la dégénérescence maculaire (DMLA), principale cause de malvoyance chez les plus de cinquante ans dans les pays industrialisés…

(Le Monde 16/02/2023)

NDLR: En Belgique, le coût  des antiVEGF  utilisés dans le traitement de la DMLA a baissé depuis les années où l’Avastin° était utilisé en substitution mais leur coût réel reste inconnu: il existe des accords prix-volumes tenus secrets de reversement du trop perçu par les industriels  en cas de dépassement des accords sur les volumes (Procédure de remboursement article 81/111). Le montant de ces reversements reste confidentiel !

Sans rapport (?):  la série “Jeux d’influence” sur Arte

Cfr. Action n°130 : AVASTIN ® – LUCENTIS® : Il faut une recherche publique pour y voir clair dans le traitement de la DMLA
Faut-il rembourser les applis médicales ? Et si oui, lesquelles ?
Les technologies numériques médicales font désormais partie de nos soins de santé, ce qui pose logiquement la question de leur remboursement par l’assurance maladie. Mais comment distinguer celles dont l’utilité justifie un remboursement ? À la demande de l’INAMI, le Centre fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) a analysé la manière dont l’évaluation de ces technologies se déroule dans d’autres pays européens et a interrogé les acteurs belges du secteur, afin de poser les balises d’une procédure d’évaluation claire et transparente pour notre pays.

Les critères d’évaluation sont très variables d’un pays à l’autre : amélioration des paramètres cliniques ou de l’organisation des soins, mais aussi convivialité, acceptation par le patient, etc. Les niveaux d’exigence varient également entre les pays mais un effort d’harmonisation est actuellement en cours au niveau de l’Union européenne. Enfin, la protection des données doit rester une préoccupation essentielle, pour laquelle la Belgique doit encore faire des efforts. (KCE Rapport 362 2023)

En lien avec ce dossier, voir l’intéressant document de la fondation Roi Baudouin Huit principes directeurs pour une technologie saine à dimension humaine (‘caring technology’)

Et si on payait le juste prix des médicaments ?

Chaque année, plus de 5 milliards d’euros sont dépensés pour le remboursement des médicaments. C’est 1/5e du budget de la sécurité sociale. Solidaris a donc créé un outil scientifique pour objectiver le prix d’un médicament (tenant compte des coûts de développement, production et vente, d’un bénéfice raisonnable et d’un éventuel bénéfice supplémentaire lié au caractère innovant) et l’a utilisé sur un échantillon représentatif de 7 médicaments. Résultat : avec un prix juste, la Belgique paierait 4x moins pour les médicaments innovants et pourrait économiser chaque année 1 milliard d’euros, soit 20% des dépenses pour les médicaments. Solidaris vient de lancer une grande pétition citoyenne pour demander que cet outil soit intégré à la loi pour contraindre les firmes à négocier sur base d’un prix juste et transparent. Plus d’info

Regardez le reportage “Industrie pharma : le prix injuste des médicaments