« Euros for Docs », une base inédite sur les liens d’argent entre industrie pharmaceutique et professionnels de santé



Lancée mardi 1er juin 2021, cette base de données, ouverte à tous, permet d’accéder aux informations extraites de quatre registres publics (dont le belge betransparent.be) ou issues d’initiatives de transparence de l’industrie dans sept pays européens.

Les requêtes peuvent interroger la base par nom de professionnel, d’organisation ou de firme, mais aussi par catégorie de paiement, par pays et par année. Son nom est un clin d’œil à la base américaine « Dollars for Docs », pionnière du genre, proposée depuis 2012 par le site d’investigation ProPublica.

 « Rendre utilisables des informations publiées de manière à ne pas l’être, pour qu’elles soient les sources de projets d’investigation de journalistes, de chercheurs et d’ONG. » tel est le but de cette initiative.

Dans la revue de santé publique Health Policy du 4 mai 2021, l’équipe à la base de cette initiative raconte la guerre technique que mènent les laboratoires pharmaceutiques contre la transparence de leurs liens d’argent avec l’univers de la médecine et  malgré l’obstruction technique de l’industrie pharmaceutique. Avec des données parfois éparpillées sur plusieurs dizaines de sites, dans des formats qui rendaient ardue toute automatisation, la réunion des données s’est transformée en véritable épopée informatique. Il a fallu les harmoniser pour les ajouter à la base, ce qui revenait à transformer l’Amazonie en jardin à la française.

A quand une base de données européenne sur les liens d’intérêts en médecine ? Il suffirait d’une loi et de quelques informaticiens pour que toutes les déclarations soient facilement accessibles pour toute l’Europe. Le précédent allemand nous montre que c’est surtout la volonté politique qui manque…(1)


(1) ” En 2016 le collectif de journalisme d’investigation allemand CORRECTIV et le grand hebdomadaire DER SPIEGEL ont publié une base de données similaire suite à des recherches très onéreuses  qui montraient des émoluments payés par les firmes pharmaceutiques jusqu’à 60.000 Euro par an. Cette base fut abandonnée suite à une avalanche de poursuites judiciaires ( 137!) entamées par les médecins, poursuites toutes abandonnées ou perdues devant les juges  mais suffisantes pour ruiner les efforts des journalistes. Depuis  une association de l’industrie pharmaceutique entretient un site avec des informations similaires sur la base du volontariat mais se plaint du manque de coopération de la plupart des médecins, surtout des titulaires universitaires.