La série “Démocratie en Question(s)” (RTBF) se penche sur le pouvoir des Big Pharma. (31.07.2021)

Ces multinationales pharmaceutiques font-elles marcher les états à la baguette ? Négociations secrètes sur les médicaments remboursables, mise en concurrence des régimes fiscaux, sociaux, budgets marketing colossaux… Les Big-Pharma ont-elles trop de pouvoir dans une économie mondialisée ?

Pour répondre à cette question, nous sommes notamment allés voir Jean Hermesse, ancien secrétaire général de la Mutualité Chrétienne qui commençait par donner quelques points de repère sur le secteur : “On sait qu’aujourd’hui, les Big-Pharma veulent croître à du 7 à 8% par an. On sait aussi que certaines firmes dégagent 25% de profits et qu’elles dépensent plus en marketing, qu’en recherche. Au niveau mondial, c’est 27% de dépense marketing, contre 17% en recherche” (NDLR, la balance est un peu moins déséquilibrée en Europe, mais le poste Marketing y est aussi plus élevé que les dépenses en R&D).

Pour Jean Hermesse, “on a donc affaire à un secteur qui cherche la profitabilité maximum, avec des dépenses marketing qui se reflètent dans les coûts des médicaments et qui donnent au secteur un pouvoir d’influence gigantesque“. Cette influence se matérialise en publicité, en campagnes de promotions qui influencent les patients/consommateurs mais aussi les prescripteurs “et donc, cette influence-là entraîne une consommation des médicaments qui va au-delà des besoins et qui grève les budgets des Etats en soins de santé”.

Pour lui, il y a donc lieu de repenser le modèle et d’imposer une transparence au secteur sur la formation des prix. “Aujourd’hui les prix ne reflètent pas du tout les coûts de recherches et de production, mais sont basés sur une étude stratégique visant à évaluer ce que le marché est prêt à payer pour tel ou tel traitement“. Et il conclut : “Il faut oser un grand débat public, en transparence, là-dessus“.

NOTE du comité de lecture du GRAS: A pointer comme illustrations emblématiques de cette brève : la récente décision du monopole Pfizer-Moderna d’augmenter les prix des vaccins ARNm ou la combine pour augmenter dramatiquement le prix de l’hydrocortisone au Royaume Uni.