Vaccin contre le zona:  trop cher par rapport à ses bénéfices sur la santé, d’après le KCE

BRUXELLES 25/10/22 – L’institution estime qu’en période de restrictions budgétaires, il faut pouvoir éviter des dépenses importantes pour une maladie qui reste relativement bénigne. Le zona est une maladie douloureuse provoquée par une réactivation du virus de la varicelle. Dans la plupart des cas, il guérit spontanément en 2 à 4 semaines. Il peut toutefois avoir des complications, comme la névralgie post-herpétique (10 à 20% des cas de zona), ou d’autres complications plus rares mais aussi plus graves. Le zona touche plus souvent les personnes âgées et celles dont l’immunité est déficiente, situe le KCE. En moyenne, 12 décès peuvent être attribués chaque année au zona et à ses complications. À titre de comparaison, le nombre annuel moyen de décès dus à la grippe a été évalué entre 250 et 350 décès, et ceux dus au pneumocoque, à environ 440.

Le Conseil supérieur de la Santé (CSS) a recommandé, dans un avis remis en août, que le produit développé par GSK soit proposé à toute la population dès 60 ans, et à toutes les personnes immunodéprimées à partir de 16 ans mais pas à n’importe quel prix. Or, ce vaccin est très cher: 170 euros par dose. Comme deux doses sont nécessaires, une vaccination complète se chiffre à 340 euros. Si le remboursement était accordé, cette vaccination coûterait au budget des soins de santé environ 602 millions d’euros la première année, et ensuite près de 23 millions par an, calcule le KCE. Si l’efficacité du vaccin n’est pas remise en cause puisqu’elle a été avalisée par le Conseil supérieur de la santé, le verdict est sans appel pour l’aspect financier: “c’est trop cher par rapport aux bénéfices de santé que l’on peut en attendre.”

D’après les calculs du KCE, il faudrait que la dose ne coûte que 30 euros pour parvenir à un ratio dépenses-efficacité satisfaisant. Et “même à ce prix, l’impact budgétaire d’un remboursement du vaccin resterait élevé: environ 152 millions d’euros la première année, et 6,5 millions chaque année ensuite.” 

Voir aussi la mise au point récente des Folia (11/2022)

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L’ACCÈS AUX INNOVATIONS THÉRAPEUTIQUES : ENJEUX ÉTHIQUES (Avis 135 – 11/2020)

Le site du CCNE se révèle assez riche et ouvert sur l’étranger. Le rapport cité rejoint les réflexions du KCE sur ce thème de l’envolée des prix des nouveaux médicaments. En voici quelques extraits :

 Le modèle économique des entreprises pharmaceutiques a changé depuis une vingtaine d’années. Il est marqué à la fois par une externalisation de la recherche (menée très souvent par des start-ups qui sont ensuite rachetées par les grands groupes pharmaceutiques) et une financiarisation du secteur, conduisant à rechercher des profits très élevés pour répondre aux exigences des actionnaires. Les analyses produites par les entreprises pharmaceutiques révèlent toutefois que les coûts de production ne représentent en moyenne que moins de 5% du montant total d’une innovation et surtout que les dépenses en recherche et développement sont inférieures à celles affectées au marketing.
La fixation du prix répond à un processus complexe, fruit de négociations opaques et déséquilibrées entre les pouvoirs publics et les entreprises du secteur…
Le CCNE propose des recommandations visant à rendre possible la conciliation de deux objectifs : l’optimisation de l’accès au meilleur soin pour chacun et l’optimisation de la recherche d’un moindre prix dans le cadre des négociations. Cet objectif se décline selon le triptyque suivant (1) exiger la transparence ; (2) renforcer et/ou élargir les compétences de la puissance publique ; (3) développer une politique de coopération à l’échelle européenne, voire internationale.