Action n° 203 (20/12/2023): Expert ou influenceur ? Quand un médecin généraliste prend la parole via une firme pharmaceutique en tant que président d’une société scientifique (ici), pour promotionner un produit de cette firme… A vous de juger

Action n° 203 (20/12/2023): Expert ou influenceur ? Quand un médecin généraliste prend la parole via une firme pharmaceutique en tant que président d’une société scientifique (ici), pour promotionner un produit de cette firme… A vous de juger

Vous trouverez ICI l’analyse critique de ce message par le GRAS.

Le GRAS a adressé un courrier au président de la SSMG pour protester contre ce genre de pratique. Nous vous invitons à faire de même.

Nous avons cherché en vain sur le site de la SSMG une page qui explicite la gestion des conflits d’intérêt au sein de l’association. On y parle (1,2) des valeurs de celle-ci : le respect, entre-autres au travers de la transparence…! et la qualité, entre-autres au travers de l’indépendance …! Voilà sans doute une occasion de se pencher sur le sujet. 

Cet avis du CSS (Conseil Supérieur de la Santé) belge relatif à la vaccination contre le pneumocoque a été déjà critiqué entre autres pour les liens d’intérêts déclarés par les experts qui l’ont produit (cfr. fin du rapport), le fait qu’il se base sur des preuves indirectes (études sur la réponse immunitaire sans preuve clinique) et la variabilité des recommandations entre les différents pays d’Europe en ce domaine (3,4,5).

En 2016, le KCE faisait déjà la comparaison entre une vaccination par le vaccin 13 valent, le vaccin 23 valent ou des deux. Suite à une analyse coûts-bénéfices, il concluait que la valeur ajoutée de l’ajout du vaccin PCV13 au PPV23 ne l’emportait pas par rapport au coût supplémentaire du vaccin 13-valent complémentaire (6). 

Pour tous, il reste important de surveiller l’évolution de l’immunité collective et les changements dans les sérotypes responsables de la pneumonie pneumococcique en Belgique. Les changements peuvent entraîner d’autres considérations et des ajustements possibles aux recommandations. 

Pour ces raisons, face à une formation qui vous est proposée, le GRAS vous propose un label de qualité mesurant entre autres son objectivité et son indépendance, que chaque participant peut évaluer lui-même.

Cfr. ALERTE N° 194 (9/2022): Nouveaux vaccins polysaccharidiques antipneumococciques  (PCV15 (Vaxneuvance® de MSD) et PCV20 (Apexxnar® de Pfizer) : Leur prix est-il justifié chez la personne âgée tout venant au vu de leur faible efficacité documentée à ce jour ?

(1) https://www.ssmg.be/la-ssmg/  

(2) https://www.ssmg.be/wp-content/uploads/Sponsoring/CHARTE-POUR-UNE-COLLABORATION-SCIENTIFIQUE-ET-INDEPENDANTE.pdf

(3) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30778705/

(4) https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2023-08/strategie_de_vaccination_contre_les_infections_a_pneumocoque_place_du_vaccin_pneumococcique_polyosidique_conjugue_20-valent_.pdf

(5) Vaccin pneumococcique conjugué à 20 valences chez les adultes  La Revue Prescrire, 9/2023, 43, 479, p.650  « n’apporte rien de nouveau »

(6) Quelle vaccination contre le pneumocoque chez les personnes âgées? KCE Reports 274B (2016)

– SUITES – LLG n° 131 (1/2024):

Le GRAS a adressé un courrier au président de la SSMG pour protester contre ce genre de pratique qui a été repris par la suite en bandeau de rappel dans des revues sponsorisées.

Voici la réponse constructive que nous avons reçue de la SSMG et qui maintient le dialogue ouvert::

Chers confrères, chères consœurs, 

Nous avons pris connaissance de la lettre adressée à notre président au sujet de la vidéo concernant le vaccin contre les infections à pneumocoques ainsi que de l’interpellation dans votre newsletter. Nous comprenons votre inquiétude et vos interrogations vis-à-vis de notre indépendance.

Nous faisons amende honorable et, depuis la diffusion, un travail a été entamé en interne pour que cet incident ne se reproduise plus. Une réflexion était déjà en cours afin de trouver des alternatives au sponsoring pharmaceutique. 

En effet, la SSMG est soucieuse de son indépendance intellectuelle et financière vis-à-vis des firmes pharmaceutiques et propose depuis plusieurs années une adhésion GOLD qui correspond à un tarif nous permettant une totale indépendance financière des firmes. Malheureusement, cette adhésion attire actuellement moins de 5% de nos membres, ce qui ne nous permet pas de nous passer totalement du sponsoring des firmes. 

Cela étant dit, nous sommes soucieux de respecter les critères de reconnaissance d’une formation sponsorisée par l’industrie pharmaceutique dans le cadre de l’accréditation telle que décrite par l’INAMI.

Nous vous remercions de l’intérêt porté à nos formations et à notre indépendance et prenons note de vos remarques et de votre label de qualité pour une formation indépendante, qui est par ailleurs très pertinent. Nous aspirons à pouvoir un jour remplir tous les critères de cette check-list, et entre-temps n’hésitez pas à nous faire part de vos conseils avisés lorsque l’une de nos formations ou publications vous interpelle. 

Cordialement,              Pour l’OA de la SSMG, Quentin MARY

Voici aussi la réponse d’un de nos confrères à la SSMG suite à la réponse qu’il a reçue de son côté du président Quentin MARY: 

Excellente idée que l’adhésion GOLD, j’y ai d’ailleurs souscrit dès que cela a été possible. Ne devrait-elle pas être promue de manière plus dynamique ? 

En ce qui me concerne je ne mettrais pas sur le même pied le sponsoring par des firmes commerciales et d’éventuels subsides de la part de pouvoirs publics.

Le premier est clairement à proscrire car il influence la prescription dans un sens qui n’est pas nécessairement compatible avec l’intérêt de santé de nos patients (de nombreuses études le prouvent depuis longtemps), sinon pourquoi existerait-il ?

Ce qui ne pourrait pas être le cas des seconds qui peuvent très bien se concevoir comme un soutien au développement de la qualité des pratiques.

L’indépendance totale serait certes l’idéal mais reste de mon point de vue de l’ordre de l’utopie tant que la majorité d’entre nous refusera d’admettre qu’il n’est pas « normal » ni « moral » que notre formation continue soit en partie financée par des intérêts privés et que nous sommes capables de l’auto-financer (cf expérience de la Revue Prescrire). Il faudrait d’ailleurs peut-être régulièrement rappeler que  le forfait d’accréditation que nous recevons de la part des pouvoirs publics (tiens comme c’est bizarre !) est précisément destiné à cela !